Lorsqu'une entreprise est en difficulté et doit de l'argent à un créancier, celui-ci doit effectuer une déclaration de créances pour obtenir le paiement des sommes d'argent dues. Cette déclaration se fait auprès du mandataire judiciaire ou du liquidateur judiciaire.
Le créancier doit obligatoirement déclarer ses créances antérieures au jugement d'ouverture de la procédure de sauvegarde, de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire.
Certaines créances postérieures au jugement d'ouverture et qui ne bénéficient pas du privilège de paiement (c'est-à-dire d'un paiement en priorité d'autres créances) doivent aussi être déclarées.
Les créanciers doivent également déclarer les sûretés consenties par l'entreprise sur ces créances. Cette déclaration doit préciser non seulement la nature de la sûreté, mais aussi son assiette.
Les créances salariales et les créances alimentaires (comme la pension alimentaire) ne sont pas concernées par l'obligation de déclaration, mais seront réglées en priorité.
Les créances qui n'ont pas été déclarées ne sont pas prises en compte dans le cadre de la procédure collective. Elle ne seront donc pas payées.
La déclaration de créances est faite par l'une des personnes suivantes :
Créancier
Mandataire (avocat ou commissaire de justice - anciennement huissier de justice et commissaire-priseur judiciaire -, par exemple) ou préposé du créancier (salarié avec une délégation de pouvoir, par exemple)
Tiers à condition que le créancier le confirme par la suite
La déclaration de créances peut être faite par l'une des personnes suivantes :
Représentant légal de la société (par exemple, le gérant pour une SARL, le directeur général pour une SA avec conseil d'administration)
Mandataire (avocat)
Préposé du créancier (c'est-à-dire un salarié de l'entreprise créancière ayant une délégation de pouvoir)
Tiers (commissaire de justice ou notaire) à condition d'avoir un pouvoir spécial donné par écrit
Le délai de déclaration est de 2 mois à compter de la publication du jugement d'ouverture au Bodacc.
Exceptions :
Si le créancier n'est pas situé en métropole, le délai est porté à 4 mois.
Si la procédure collective est ouverte dans un département ou une collectivité d'outre-mer et que le créancier n'est pas situé dans ce lieu, le délai est porté à 4 mois.
Les créanciers ayant une sûreté (gage, hypothèque) ou liés par un contrat publié (comme un crédit-bail) sont avertis personnellement par le mandataire judiciaire dans les 15 jours du jugement d'ouverture de la procédure collective. Le créancier dispose alors d'un délai de 2 mois à compter de l'avertissement envoyé par le mandataire.
Forme
Aucune forme n'est exigée pour l'envoi de la déclaration de créances.
La déclaration de créances par lettre recommandée avec accusé de réception (LRAR) permet de prouver que les délais impartis ont été respectés.
Des formulaires type de déclaration sont disponibles.
Contenu
La déclaration de créances doit mentionner les éléments suivants :
Montant de la créance due le jour du jugement d'ouverture avec indication des sommes à devoir avec la date de leurs échéances
Nature et assiette de la sûreté dont la créance est éventuellement assortie
Modalités de calcul des intérêts dont le cours n'est pas arrêté
Éléments visant à prouver l'existence et le montant de la créance si elle ne résulte pas d'un titre (évaluation de la créance si le montant n'a pas été fixé)
Indication de la juridiction saisie si la créance déclarée fait l'objet d'un litige
Lorsque la créance n'est pas encore établie par un titre ou que son montant n'est pas encore définitivement fixé, la déclaration se fait sur la base d'une évaluation.
Lorsque la créance ne provient pas d'un titre exécutoire (jugement, prêt notarié par exemple), elle doit être certifiée sincère par le créancier.
Si le créancier est une administration, il est nécessaire de préciser le caractère provisionnel ou définitif de la créance.
Les documents justificatifs (copie de facture, de bon de commande ou de livraison par exemple) doivent être joints, sous bordereau, à cette déclaration.
Lorsqu'une créance est portée à la connaissance du mandataire par le débiteur, elle est considérée comme déclarée.
Lorsque l'entreprise fait l'objet d'une procédure de sauvegarde, les créanciers doivent transmettre la déclaration de créances au mandataire judiciaire.
Lorsque l'entreprise fait l'objet d'une procédure de redressement judiciaire, les créanciers doivent transmettre la déclaration de créances au mandataire judiciaire.
Lorsque l'entreprise fait l'objet d'une procédure de liquidation judiciaire, les créanciers doivent transmettre la déclaration de créances au liquidateur judiciaire.
Le créancier qui n'a pas fait sa déclaration dans les délais ne peut plus faire valoir ses droits pendant la durée de la procédure : il est considéré comme forclos.
L'autorisation de déclarer sa créance redevient possible si le créancier démontre que le retard n'est pas de son fait (par exemple, une hospitalisation) ou qu'il provient de l'entreprise en difficulté qui a oublié de le mentionner dans la liste des créanciers.
Dans cette hypothèse, le créancier doit déposer une requête en relevé de forclusion au greffe du tribunal de commerce.
Cette requête est adressée au juge-commissaire dans les 6 mois qui suivent la publication du jugement d'ouverture au Bodacc.
Si le créancier obtient une réponse favorable du juge-commissaire, il peut alors déclarer sa créance dans un délai de 1 mois suivant la notification de la décision de relevé de forclusion.
Le représentant des créanciers ou le liquidateur dresse l'état des créances et établit ses propositions d'admission ou de rejet.
Les contestations éventuelles sont tranchées par le juge-commissaire.